Le Damier de la Succise est présent sur l’ensemble du territoire métropolitain, exception faite de la Corse. Il est protégé en France car localisé, et en déclin dans le nord du pays. Il constitue une espèce menacée en Centre-Val-de-Loire. Il est largement représenté en Brenne (Indre), dans le massif orléanais (Loiret) et dans le Boischaut-Marche (Indre et Cher), connu en Pays Fort (Cher) et de la Vallée du Cher et anecdotique en Sologne (Loir-et-Cher).
En Indre-et-Loire, il est notamment présent dans le bassin de Savigné et les forêts du nord-ouest tourangeau. Il est connu également dans les boisements au sud du plateau de Sainte-Maure. Il est mentionné vers Avon-les-Roches ainsi qu’en forêt de Fontevraud. Il serait pertinent de surveiller l’état des populations le long du Cher et intéressant de vérifier la survie du rhopalocère dans le Véron et dans les Puys du Chinonais ainsi que sur l’ENS du Val-de-Choisille ou la commune de Charnizay.
Le Damier de la Succise forme des métapopulations au sein de mosaïques d’habitats ouverts et de lisières fournissant plantes nectarifères, plantes-hôtes et abri contre le vent. L’existence de ces métapopulations de dynamique variable repose sur la grande proportion d’habitats favorables organisés en réseaux fonctionnels. En outre, cette espèce est soumise à une forte pression parasitaire de la part d’Hyménoptères, coupables de grandes variations d’abondance d’une année à l’autre.
Il fait preuve d’une large valence écologique, désignée par deux écotypes. Ces écotypes sont inféodés à des biotopes de nature différente. Euphydryas aurinia aurinia se trouve dans les milieux mésophiles à hygrophiles parmi les prairies maigres, les landes, les bas-marais, les tourbières, les lisières, bermes et clairières forestières. Euphydryas aurinia xeraurinia habite les pelouses sèches et les ourlets calcicoles. A ce jour, aucune mention ne fait état de cet écotype dans la région.
La femelle pond un amas de 80 à 120 œufs sur les petits sujets de la plante nourricière, au-dessous des feuilles. Elle choisit typiquement la Succise des prés (Succisa pratensis). A la sortie de l’hiver, la chenille qui n’a plus à disposition la plante originelle, se satisfera d’autres espèces de la famille des Caprifoliacées comme plantes nourricières secondaires, différant selon l’habitat. Sur sol sec, elle s’orientera vers la Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria) ou les Knauties (Knautia spp). Localement, la larve se nourrira de Chèvrefeuilles (dont Lonicera periclymenum ou L. implexa). En Loire-Atlantique, on l’a observé au dernier stade se repaître de Valériane officinale (Valeriana officinalis).
La période de vol annuelle est courte, plutôt en mai mais avec de forts contrastes phénologiques interannuels et interstationnels. Il est également possible de découvrir entre juillet et septembre (selon les conditions climatiques locales) les nids communautaires de chenilles. En effet, les larves ont la particularité de croître et d’hiverner ensemble, ne se séparant qu’au quatrième et dernier stade larvaire. Les imagos sont sédentaires et volent plutôt lentement, les mâles sont territoriaux. Les adultes butinent des fleurs variées, des Renoncules (Ranunculus spp) aux Cirses (Cirsium spp) en passant par la Renouée bistorte (Bistorta officinalis) et les Epervières (Hieracium spp).
Dans la région Centre-Val-de-Loire, le Damier de la Succise ressemble à quelques espèces de la tribu des Melitaeini. Le rhopalocériste pourrait se méprendre avec le Damier du Frêne, Euphydryas maturna, mais celui-ci ne possède pas de points noirs marginaux. Qui plus est, cette espèce rare est uniquement visible dans le centre-est de la France. En revanche, le Damier de la Succise ressemble, par son dessus quadrillé de noir, à la Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia) et à la Mélitée des Centaurées (Melitaea phoebe), espèces plus communes. L’examen du verso des ailes sera d’une grande aide. M. cinxia présente des points noirs à la base de l’aile postérieure. Quant à M. phoebe, elle arbore une rangée de taches orange vif rondes sans points noirs à l’intérieur.