Différents l’un de l’autre, le mâle et la femelle de ce
Satyriné étaient autrefois décrits en deux espèces, d’où l’attribution d’un nom
pour chaque sexe : Némusien pour le mâle, Ariane pour la femelle. Ce papillon
est très semblable en aspect et en comportement à la Mégère, ou le Satyre
(espèce qui fut également identifiée en deux à cause de son dimorphisme sexuel
et qui en a gardé les noms). Si la Mégère reste commun, le Némusien décline
fortement en plaine en particulier dans l’ouest et le nord du pays.
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Le Némusien est un rhopalocère paléarctique, largement
réparti à travers l’Europe (de la péninsule ibérique à la Russie et au
Moyen-Orient en passant par la péninsule scandinave mais absent du
Royaume-Uni). Il est toutefois moins commun que la Mégère.
Le papillon maintient de belles populations à l’étage
montagnard partout en France tandis qu’il régresse en plaine, où il se fait
rare et localisé. Il est pourtant bien présent en Ile-de-France, à la faveur de
la métropole parisienne qui offre un milieu minéral et thermophile de
substitution, en adéquation avec ses exigences écologiques. La sous-espèce Lasiommata maera adrasta occupe les
plaines méridionales tandis que le reste du pays accueille la sous-espèce
nominale. Seules des populations isolées habitent le Centre-Val-de-Loire,
réparties dans tous les départements mais fragilisées par la régression des
habitats favorables au rhopalocère. C’est la Champagne-berrichonne dans le Cher
qui accueille le plus de stations à l’échelle de la région. En Indre-et-Loire,
le Némusien est connu historiquement des Puys du Chinonais ou il n’a pas été
revu depuis 1988 en dépit d’habitats favorables. Il est mentionné dans le Val
de Langeais dans les années 2000 et la donnée la plus récente se situe dans
l’extrême sud du département.
A l’image des dernières stations connues, les pelouses
calcicoles constituent des habitats favorables pour l’espèce dans la région, où
il conviendrait de prêter attention lors de l’identification d’un spécimen du
genre Lasiommata. Cependant, comme en témoigne la redécouverte du papillon dans
le Loiret en 2012, les bermes et talus autoroutiers dénudés et bien exposés
peuvent servir d’habitat de substitution. Ainsi, les voies ferrées ou les
secteurs sableux thermophiles pourraient également lui être favorable dans la
région.
Le Némusien recherche les affleurements minéraux parmi les
milieux ouverts ou semi-ouverts. Gazons arides, pelouses sèches, lisières
thermophiles, coteaux, vignobles, carrières, murs de pierres, chemins…
L’habitat est bien drainé et la présence de roche ou de sol dénudé est
déterminante.
A l’instar de la Piéride des Biscutelles (Euchloe crameri),
avec laquelle il partage une affinité écologique proche, les facteurs de
régression du Némusien sont mal identifiés. Il est possible que la
fragmentation et la réduction de ses habitats (dégradés par la fermeture des
milieux, l’urbanisation ou la fumure) ainsi que l’usage de produits
phytosanitaires en viticulture aient eu raison de l’exigence du papillon, dont
l’aire distribution s’est contractée vers l’est.
Deux générations successives se chevauchent entre mai et
septembre. Les œufs sont pondus isolément sur les feuilles de graminées sèches.
Moins d’une semaine plus tard, la chenille éclot et part à la recherche d’une
plante comestible. Elle hivernera sous cette forme, au troisième et dernier
stade. La nymphose se déroule sur différents supports secs, minéraux ou végétaux.
Son affection pour les supports dénudés se poursuit une fois
atteint le stade imaginal. Le papillon semble voler péniblement et se repose
sur le sol nu, les rochers ou les souches de bois, plus encore que la Mégère.
Il est farouche mais apprécie butiner les fleurs roses ou jaunes. Il passe la
nuit sur ses perchoirs préférés et il sera aviser de l’y chercher le matin.
Le Némusien et la Mégère peuvent aisément cohabiter, mais
cette dernière sera bien plus courante. Non contents d’avoir un aspect
similaire, ils partagent la même habitude à se poser sur les surfaces dénudées,
bien que la Mégère se pose davantage au sol.
Les deux espèces présentent sur chaque aile postérieure une rangée d’ocelles (tache noire centrée d’un point blanc) sur fond orange. Mais le recto de la Mégère (pour rappel, il s’agit de la même espèce, Lasiommata megera) se distingue de celui du Némusien (Lasiommata maera) par la présence d’une bande orange discale.
Le verso est bien moins distinctif car l’examen repose sur des détails peu marqués qui peuvent encore s’atténuer avec l’usure des ailes.
Quant au dimorphisme sexuel, il est visible sur l’aile antérieure. Les deux sexes présentent à l’apex, un ocelle simplement ou doublement pupillé. L’aile antérieure du mâle est largement colorée de brun à la base avec une unique série de taches orange submarginale. La femelle possède plutôt un fond orange entrecoupé de lignes brunes, dont l’une parcourt la largeur de l’aile.